
Interdit en Espagne jusqu’en 1975, ce film parlant de Charlie Chaplin demeure encore aujourd’hui une satire percutante du totalitarisme et de ses conséquences. Je me délecterai toujours des trouvailles visuelles et de l’absurde dont regorge ce long métrage restauré depuis peu. J’ai l’impression, à chacun des visionnements, que cette œuvre est récente tellement elle m’apparaît audacieuse et contemporaine.

J’avais 13 ans quand je suis allé (illégalement) voir, alors qu’il était encore en salle, ce film d’horreur aux effets vraiment efficaces et effrayants. Cette efficacité jamais égalée, à mon point de vue, est tributaire d’un sens très aigu de la gradation dans la montée dramatique. Les frissons éprouvés à mon adolescence me parcourent le dos avec la même intensité quand je me repasse ce classique du genre.

Il s’agit quasiment d’un film muet dans lequel Peter Sellers est à son meilleur. Cette œuvre peut faire penser aux films de Jacques Tati (que j’adore), car son action repose sur la performance d’un lunatique qui évolue dans un univers (bourgeoisie hollywoodienne) dans lequel il est incongru. Les gags visuels, en enfilade effrénée, me font rire aux éclats …même après une bonne quinzaine de visionnements.

Le sentiment de claustration éprouvé par les sous-mariniers allemands nous est transmis avec force. On a réellement l’impression de se trouver à bord d’une fragile coque soumise aux tumultes de l’océan et menacée par les tirs ennemis. C’est presque du cinéma réalité. En version I-Max, ce serait insoutenable! Et la fin, que dire de la fin? Je n’en dirai rien outre qu’elle est mémorable.

Il s’agit de mon film de science-fiction préféré. Le climat d’étrangeté (décors postmodernes, musique planante de Vangelis) contribue pour beaucoup à cet envoûtement dont je suis la proie à chaque visionnement. Il s’agit, de plus, d’un thriller entraînant agrémenté d’un zeste de philosophie dont le thème est le désir d’immortalité. Chaque plan, d’un esthétisme raffiné, est une œuvre d’art.

Irrésistible pastiche des films de vampires. Interprétation savoureuse et décors somptueux. Même la musique fait rigoler. On sent que le narrateur s’amuse aux dépens du genre. Bref, il s’agit d’un des films qui, encore aujourd’hui, me fait le plus rire.

Enfin. Le mythe de Jeanne D’Arc abordé sans fioritures apologétiques. Une reconstitution d’époque époustouflante, une mise en scène à grands déploiements et une audacieuse interprétation psychanalytique du personnage, en marge de l’iconolâtrie. Un des films les plus saisissants qu’il m’a été donné de voir ces dernières années.

J’ai toujours adoré les films portant sur la guerre du Vietnam : PLATOON, THE DEER HUNTER, FULL METAL JACQUET, etc. Dans mon esprit, le classique du genre demeurera toujours le film de Francis Ford Coppola. Au-delà de la dénonciation inhérente au sujet, cette œuvre nous propose une exploration de la folie humaine. Bon nombre des plans marquants de ce film resteront à jamais imprimés dans mon inconscient. La brève prestation de Marlon Brando est mémorable. L’atmosphère méphitique, tout autant.

Si j’avais eu à faire la liste de mes cinquante films préférés, presque toutes les oeuvres de Kubrick y seraient inscrites. Kubrick est mon cinéaste favori. Une véritable inspiration. Quant à son ORANGE MÉCANIQUE, je dois tout simplement dire que ce film (vu sur grand écran alors que j’étais adolescent) a été prépondérant dans ma façon d’interpréter le monde. Je ne serais pas le même romancier si je n’avais pas été frappé par cette adaptation du non moins étonnant livre d’Anthony Burgess. Ma fascination pour la violence humaine me vient de cette gifle que m’a assénée Kubrick.

Le tournage de ce film fut une prouesse. Hisser un bateau par-delà une colline, et ce, dans la luxuriance de la forêt amazonienne, constitue en soi un hymne au dépassement. Cette mythomanie est admirablement rendue par Klaus Kinski, tout aussi illuminé que le personnage qu’il incarne lors d’une prestation renversante. J’ai vu ce film des dizaines et des dizaines de fois. Je ne sais pourquoi, cette scène du bateau qui franchit la montagne m’arrache des larmes à chaque visionnement, année après année. Il faudrait bien que j’en parle à mon psy, un jour.
Michel