Les chroniques atmosphériques des 3 - Chronique 6


Pèlerinage du jour de l'an dans deux lieux de culte

Ne vous méprenez pas avec le titre de cet article atmosphérique. Nous n'avons pas passé la nuit du jour de l'an à la cathédrale de Trois-Rivières ou au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Et quand je dis "nous", il s'agit de Pierre et de moi, Michel. Le petit Frédo, pour sa part, a défoncé (selon mes sources) l'année 2008 chez lui avec son chat jaune et sa chatte, qui, elle, à ma connaissance, n'a pas de couleur officielle. Ce premier (bref, Frédo, qui n'est pas un chat) se remettait semble-t-il d'une virée de trois jours passée à Montréal.

Mais revenons à Trois-Rivières. Nous avions initialement prévu passer la nuit du jour de l'an au bar Le Temple. C'est ce que nous avons fait pour la première portion de la soirée d'ailleurs, après nous être fait un petit fond (euphémisme) à mon appart' de la rue des Ursulines, situé à quelques coins de rue du premier lieu de culte ci-haut nommé.

Vous excuserez ce récit amorcé de façon quelque peu amphigourique, alambiquée, sinueuse, méandrique et tortueuse (et j'en passe), chers lecteurs, mais je rédige mes premières impressions du lendemain de la veille alors que je suis encore étourdi par le trajet parcouru qui fut tout aussi tortueux que ma syntaxe mentale du moment.

Or donc, je voulais que nous prenions un taxi pour nous rendre au Temple malgré la courte distance évoquée précédemment, cela pour vous dire à quel point le petit fond était plein à rebord. Pierre, pour sa part, tenait mordicus à prendre une marche de santé. En dépit du caractère homérique de la randonnée pédestre, nous nous sommes rendus, sans nous perdre, à destination.

J'étais inutilement stressé avec la perspective d'une grande affluence, car, quand nous sommes entrés au Temple, nos places habituelles, à l'îlot de service, étaient libres.Et pour faire patienter les noctambules ponctuels, avant l'arrivée du gros de la clientèle, les organisateurs de la fête s'étaient arrangés pour que nous soyions aux anges, ce qui va de soi lorsqu'on parle de lieu de culte. Les anges en question étaient peu vêtus et portaient leurs ailes dans le cul. Face à mon étonnement, Pierre m'a alors expliqué qu'il s'agissait d'un défilé brésilien. "Ah oui ?", me suis-je exclamé, sceptique. "Je suis allé cinq fois au Brésil et jamais je n'ai rencontré là-bas d'anges avec des ailes dans le cul". Il est vrai que je ne suis jamais allé à Rio.

Mais revenons à Trois-Rivières. Nous avons carburé, d'abord au rez-de-chaussée du Temple, puis nous sommes montés à l'étage pour le fatidique compte-à-rebours, armés cette fois d'une redoutable bouteille de "Méthode Champenoise", en spécial pour l'occasion à 100 dollars le 750 millilitres. Après avoir défoncé 2008 sous les feux de Bengale, et sous les jupes aussi - parce que deux poupounes dansaient sur notre bar, Pierre et moi avons eu l'idée de sortir du Temple pour aller fumer et pour y rencontrer des personnalités de la presse électronique à qui mon ami avait donné rendez-vous aux alentours de minuit trente.

C'est là que le projet d'aller poursuivre la fête dans une autre institution (en compagnie des personnalités ci-haut non-nommées) s'est forgé dans notre esprit ivre. À ce moment-là, nous avons eu la surprise de rencontrer sur le trottoir une collègue blogueuse de Montréal. Que nous avons entraînée, un peu malgré elle, dans la deuxième portion de ce pèlerinage. Les personnalités des médias ont pris un premier taxi, et tous les trois autres, nous nous les sommes gelées (sauf pour la Montréalaise, bien entendu) à attendre un deuxième taxi.

Vers une heure trente du matin, nous sommes finalement arrivés au Coconut Bar, débit exotique inscrit au patrimoine kitsch mondial par l'Unesco. Tout un choc ! alors que je m'attendais à trouver là, je ne sais pourquoi d'ailleurs (j'avais cru entendre parler d'un party des médias, mais il se peut que l'euphorie ait pu triturer ma perception des événements) une meute de journalistes fébriles à l'idée de nous interviewer, eh bien, nous sommes plutôt entrés dans une marée de jeunots, lesquels avaient loué presque tout le motel. Tout le motel, sauf la chambre XX, occupée par les deux (2) représentantes des médias qui n'étaient certes pas en état de nous interviewer. Le couloir dudit motel ressemblait à un mouroir de Calcuta, jonché de fêtards ivres morts. Quant au bar en tant que tel, il avait perdu son charme exotique, tout chaotique qu'il était, livré à l'hystérie du troupeau. Dans lequel, toutefois, se trouvait un de mes lecteurs (il y en a toujours un - toujours le même ! - sur mon chemin) au style "destroy".

Puis, ce fut la fermeture et l'heure de partir. Du moins, c'était l'heure d'essayer de partir. Parce que nous avons dû attendre une autre heure avant de pouvoir monter dans un autre taxi (dans lequel nous avons embarqué Pierre de force).

Finalement, notre invitée de Montréal n'aura pas passé la soirée dans les yellow cabs de New-York, mais bien dans les slow cabs de Three-Rivers. Pour ma part, je suis arrivé chez moi vers cinq heures du matin et je vous prierais donc d'applaudir ma prouesse d'avoir mis ce texte en ligne aussi tôt en ce premier de l'an. Et comme on le dit si bien au Brésil : Feliz ano novo.

Michel